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Le 57ème Régiment d'Infanterie en 1915
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4 février 2015

- Les bombardements - Le 31 décembre à minuit

- Les bombardements -

Le 31 décembre à minuit pile, les allemands envoient leurs meilleurs voeux en tirant des salves d’obus sur Beaulne et Verneuil. En janvier le secteur reçoit 1250 obus, moins les mois suivants mais plusieurs centaines. Obus explosifs tirés sur le village de Beaulne qui va rapidement devenir ruine, cela a commencé fin 1914. Sur Verneuil avec de gros dégâts également, le château est particulièrement visé. Le colonel installe son PC et sa chambre dans les caves, il y fait mettre à l’abri des meubles et objets d’art.
Mais venons-en aux « marmites ». Diverses appellations pour ces projectiles, « gros noirs », « seaux à charbon », puis plus tard « minen » plus sophistiqués. Raymond, souvenir d’enfance, les appelait « seaux à charbon ». « …On les voyait arriver en faisant flouf flouf… ». Au début, il s’agissait de cylindres en tôle remplis d’explosif, tirés à courte distance, ils tombaient en tournoyant sans grande précision sur les premières lignes, et lors de « coups au but » sur les ouvrages de défense, tranchées et abris, ils causaient d’importantes destructions par le souffle de l’explosion et bien entendu des victimes.
Une image d’un grand réalisme, un dessin de Gabard. http://www.crid1418.org/temoins/2012/02/02/gabard-ernest-1879-1957-2/

Marmite

Comme les suricates qui plongent dans leurs trous à la moindre alerte de prédateur aérien, les soldats se couchent au fond des tranchées où se jettent dans un abri proche.
Un site extrêmement documenté sur les divers projectiles, grenades et obus de toutes sortes : http://bleuhorizon.canalblog.com/archives/2007/05/08/4886367.html

- Les travaux -

Ils ont commencé dès que le régiment s’est trouvé dans ce secteur mi octobre 1914. Au début ébauches de tranchées creusées dans l’urgence, puis les évènements sur tout le front ayant fait qu’il y est resté, il s’agissait donc de consolider des positions faites pour durer…
Nous avons peine à imaginer l’ampleur de ces travaux, souvent exécutés la nuit du moins en des endroits visibles depuis les positions allemandes. Le paysan-soldat Raymond a du y travailler à la pelle et à la pioche, mais lui et ses camarades étaient aidés par des soldats du Génie, renfort important de bras et de savoir faire. Il faut dire aussi que la main d’œuvre était nombreuse. En permanence 2 bataillons dans un peu plus de 2 km², un au repos.
Au 31 décembre 1914 l’effectif du régiment est de 3000 hommes environ, ils sont donc un millier dans chaque sous-secteur de Beaulne et de Verneuil.
Les premières tranchées sont réaménagées, les suivantes sont creusées selon les nouvelles normes, l’expérience aidant. Pas d’ouvrages tout en longueur comme au cinéma, mais en « créneaux ». En effet, il s’agit de protéger les hommes d’un tir d’enfilade d’une mitrailleuse, d’éclats d’obus lors d’un coup au but, de ralentir aussi la progression de l’ennemi si la tranchée venait à être investie. Un croquis de tranchée extrait du JMO février 1915, retouché pour une meilleure lisibilité. Il s’agit de recommandations mais elles étaient globalement aménagées ainsi. (Cliquer sur l'image pour agrandir)

Tranchees-02-15

On remarque des latrines, aussi appelées « feuillées », nous en reparlerons dans la catégorie « Hygiène et Santé », il suffit d’imaginer ces hommes entassés dans les tranchées pour avoir une idée de l’importance du sujet... Mais aussi les abris des soldats, des chefs de sections, du commandant de compagnie judicieusement placés, les postes des tireurs aux créneaux, ainsi que ceux de soldats qui éventuellement pourraient se placer pour des tirs dans des boyaux en cas d’intrusion de l’ennemi. Aux créneaux des périscopes, le colonel Huguenot en fait fabriquer avec des glaces brisées lors d’un bombardement du château de Verneuil.
A la moindre alerte suite à des bruits suspects, les soldats aux créneaux tiraillent à tout hasard en direction de l’ennemi. Il suffit qu’un guetteur commence à tirer et tout le monde s’y met. La dépense en cartouches est considérable et stérile. Huguenot en note 5000 par jour et même un pic en mars de 10 000 en quatre jours. La mesure est radicale, fin mars la dotation passe à 1500 pour deux bataillons.
Des mitrailleuses sont positionnées, pour des tirs en direction des positions ennemies, mais aussi pour balayer la surface des lignes du régiment en cas d'attaque. On se reportera à un album photo, croquis et cartes du JMO avec commentaires concernant toute cette année 1915.
Il n’est pas possible ici de tout détailler dans cette catégorie « Les tranchées ». La documentation est très importante, le journal du colonel Huguenot, le livre de Couraud, le JMO 1915 du 57 (Couraud et Huguenot en sont les rédacteurs) est une mine d’informations concernant les travaux et l’organisation.

Le 16 janvier, le drapeau devient un embusqué. On n'est jamais trop prudent, le colonel met en lieu sûr le précieux emblème que l'ennemi a bien failli prendre à Lobbes le 23 août 14 et qu'il gardait près de lui dans sa cave au château de Verneuil. Il sera désormais au rafraichissement à Vauxtin, à 11 km au sud du front, loin des convoitises suites à une conquête toujours possible (mais de moins en moins) de tout le secteur. Le rafraichissement, douce appellation militaire pour le repos à l'arrière qui n'en est pas tout à fait un, voir la catégorie "Le repos des guerriers".
Le lendemain Huguenot reçoit la visite du général Marjoulet, commandant le 18ème C.A. Le pauvre homme était bien affecté, il avait appris hier la mort de son fils unique tué la veille à Soissons. Justin Marie André, sous-lieutenant au 60ème R.I. a été tué le 12 à Cuffies au nord de Soissons.

 

 

 

 

 

 

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